Ahmadou Malick Gaye : Un patrimoine commun de tout le pulaagu
Né en 1931 et arraché à notre affection le 28 mai 1989 qui était le « lion » de Dounguel
Un pionnier de l’alphabétisation et de la nouvelle conscience Peulh Ahmadou Malick Gaye a été le premier à écrire et à prôner l’apprentissage du pulaar (en caractères latins). C’est aussi le premier qui a créé une association pour promouvoir le pulaar et a été à l’origine de la conscience de l’importance de lire et d’écrire dans notre langue maternelle. Mieux : « La révolution culturelle peulh est née dans les années 1950. Et c’est en 1956 que le feu Amadou Malik Gaye de Dounguel fonda l’association pour la jeunesse peulh à Paris, où il suivait une formation d’administrateur.
Conscient de la force unificatrice de la langue peulh
et de la nécessité de jeter les bases de la pensée structurelle, il va fonder au Sénégal l’association pour la Renaissance Pulaar, avec l’appui de quelques fidèles amis tels l’animateur radio Sall Djibi de Thioubalel, Dia Silèye, Samba Hawoly Seck, etc.« Conscience peule et »Alkule Mbagne », un hommage à El Hadj Samba Boudel Diop. Toujours selon Ndiaye : « Le congrès des intellectuels peulhs de Mbagne en 1962 à l’initiative d’Amadou Malik Gaye et présidé par le regretté professeur Oumar Bâ, autrefois pilier de l’institut des langues nationales en Mauritanie et premier traducteur du Coran en Pulaar marque un tournant dans la pensée structurelle de la révolution culturelle et intellectuelle peulh. Désormais l’oralité autrefois gardienne de la mémoire peulh sera renforcée par l’écriture Pulaar grâce à l’adoption de l’alphabet crée à Mbagne et à sa transcription, cela malgré les réticences du pouvoir maure en Mauritanie qui ne voyait pas d’un bon œil le réveil de la conscience peule pour ne pas dire noire.
Le village de Mbagne par le biais de son chef village à
l’époque en la personne de El Hadj Samba Boudel Diopbravèrent l’interdiction de la tenue du congrès formulée par les autorités mauritaniennes et mobilisèrent notables, décideurs et intellectuels peuls pour lancer la pensée structurelle de la révolution culturelle peule. Ainsi, pour rendre honneur à ce village point de départ de ce réveil de la conscience peule, on associera son nom à l’alphabet Pulaar, d’où l’appellation « Alkule Mbagne ». Le succès de ce congrès a jeté les bases de l’appropriation culturelle, intellectuelle, historique et structurelle de la pensée peule ainsi que la recherche sur les valeurs et les traditions de l’identité peule dans sa diversité à travers sa concentration géographique
AMADOU MALICK GAYE un homme politique temeraire Emprisonné plusieurs fois par les régimes de Senghor et de Ould Dada jamais le lion de Dounguel n’a pensé baisser les bras. En plus des adversaires politiques l’ancien magistrat et Directeur général de la SICAP faisait même temps aux pesanteurs sociales de la société Peulh qui continuait jusqu’aux débuts des indépendances continuaient de croire que seuls les « torodo étaient habiletés à diriger . L’homme qui ne cessait de chanter sa fierté d’être « thioubalo » indispose l’aristocratie Torodo et son adversité avec Samba Deffa Wane ne fût qu’épique. Il prédisait que si lui est contesté et combattu aujourd’hui ses petits-fils Thioubalos et des autres castes dirigeront un jour grâce à leurs compétences. Ce qui n’est pas sans rappeler la situation que nous vivons aujourd’hui.
Amadou Malick Gaye : Un homme au grand cœur.
Ils sont rares les villages du Fouta qui n’ont pas bénéficié des œuvres de ce philanthrope au cœur d’or .Des motopompes, des moulins à mil, des puits, des forages, des jardins ont été apporté pour soulager les populations. Et même du profond de sa tombe cet homme qui a fondé le P.I.P (Programme Intégré de Podor) et de l’U.S.E (Union pour la solidarité et l’entraide) continue de venir secours des plus démunis.
IL meurt les armes à la main
Choqué par les évènements sénégalo –mauritanien de 1989 l’homme pris son bâton de pèlerin et entama un périple au cœur du Fouta pour s’enquérir des maux des rapatriés afin de leur apporter assistance. Cette tournée n’était en réalité qu’un adieu , car deux jours après l’entamé il passa la nuit chez lui à Dounguel ,se réveille pour continuer sur Galoya et en cours de route qu’il succombera suite à une courte maladie et fût enterré ce 28 MAI 1989 à Dounguel. Ainsi se referme la page de l’histoire d’un combattant qui fait don de sa vie pour la promotion du Fouta et du Pulaagu , pieux ,car il était devenu “Alfa”grace aux enseignements de Thierno Saidou Nourou Tall son marabout et ami pour l’amour de qui il fini par donner le nom de sa fille après avoir attendu en vain un fils pour lui donner un homonyme . Que Dieu ait pitié de son âme .Amen
Un homme de valeur.