ActualitésAgricultureRécentSocio-économie

L’agriculture à Thioubalel Lao

Comme tous les villages de l’île à morphile, l’agriculture est la principale activité économique de Thioubalel. Cette activité du secteur primaire repose essentiellement sur la production des céréales et des produits issus du maraîchage et la production est le plus souvent destinée à la consommation familiale. Cette activité, legs des ancêtres, est aujourd’hui en train de se moderniser à petits pas.

L’agriculture traditionnelle

Elle se fait en deux phases : une agriculture sous pluie et une agriculture de décrue.

L’agriculture sous pluie est pratiquée sur les terres du djeri pendant la période hivernale qui dure deux mois dans cette zone. Le mil et le niébé sont les graines privilégiées. La production non abondante est liée à beaucoup de paramètres (exiguïté des parcelles arables, irrégularité des précipitations, non-utilisation des produits phytosanitaires et des engrais, usure et érosion des sols etc.). 

L’agriculture de décrue est pratiquée sur les terres inondables du Walo. Quand le lit du fleuve grossit, l’eau augmente et se déverse sur les terres du Walo pour les inonder. Ce phénomène naturel est appelé la crue. Et lorsque cette eau libère les terres, on sème les graines dans ces parties encore humides. Cette phase de l’agriculture a lieu d’octobre à janvier.

De l’agriculture traditionnelle à l’agriculture moderne : la riziculture

Arrivée dans le village avec l’avènement de la SAED (société d’aménagement des eaux du delta) dans les années 80 en collaboration avec une mission hollandaise et les populations du village, il a été initié des PIV (périmètres irrigués villageois) pour accompagner les populations dans la riziculture. Deux sites sont alors retenus pour leur mise en exploitation :  » taagu et yaradji ». Après défrichage et aménagement, des périmètres de 0,5 hectare sont affectés à chaque famille.la SAED, ayant déjà une base à Thioubalel, est chargée d’accompagner les populations en les encadrant et les formant d’une part aux nouvelles techniques culturales; et d’autre part au suivi des champs et à la mise à leur disposition des intrants. Démarre alors les campagnes de production en riz pour une durée de 5 mois/ campagne. Des productions pas très rentables et parfois assorties de pertes considérables (pertes de temps, endettement…). Cet endettement devient chronique au fil des années et la filière rizicole ne donne pas les résultats escomptés.  Une nouvelle politique agricole (NPA) qui vise l’autosuffisance en riz initiée par le gouvernement, axée sur la réhabilitation des PIV, fera bénéficier les populations de Thioubalel à l’accès de beaucoup de projets et programmes. Des innovations sont apportées comme la constitution des GIE et UNION des producteurs. Ce changement de paradigme permet le financement des campagnes agricoles grâce aux lignes de crédits disponibles à la CNCAS (caisse nationale de Crédit Agricole du Sénégal), l’acquisition de motopompes et autres engins, l’accès aux semences de qualité et au cycle court (3 mois). Il faut rappeler que l’État à travers la SAED en collaboration avec ses partenaires au développement avait en amont, fait les travaux de grandes envergures pour que les PIV puissent apporter leurs contributions dans son nouveau programme national d’autosuffisance en riz (PNAR). Aujourd’hui, à Thioubalel, on est passé d’ une campagne/an à deux campagnes/an; (campagnes entrecoupées par le maraîchage) et la production en riz est satisfaisante. Toutefois, une bonne relance de filière rizicole passe par la redynamisation des quelques PIP (périmètres irrigués privés) existants et leur multiplication dans le village. Le désenclavement de l’île à morphile, devenu aujourd’hui une réalité, va sans doute impacter positivement pour que l’autosuffisance en riz dans le village de Thioubalel soit bien au rendez-vous en 2025.

Abdoulaye DIALLO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *